L’école face à la ségrégation
Marco Oberti
Marco Oberti, Professeur des universités en sociologie à Siences Po, Chercheur à l’Observatoire Sociologique du Changement, a présenté son livre "L’école dans la ville, Ségrégation - mixité - carte scolaire".
Voici l’intégralité de son intervention lors du 5 à 7 du 15 janvier 2009, découpée en plusieurs parties pour faciliter l’audition.
◊ 1/ Présentation, Introduction. Idée reçue : la ségrégation ce n’est pas bien. Mais lutter contre la ségrégation, c’est coûteux, c’est incertain, c’est peu ou pas efficace. La ségrégation peut être une ressource.
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◊ 2/ Quand on dit mixité, on pense classe populaire et classe moyenne. Les classes supérieures sont mises à l’écart. Dans les débats, ceux qui sont interpellés, ce sont les classes moyennes.
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◊ 3/ La question sociale
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◊ 4/ Apport de la recherche : L’offre scolaire la plus diversifiée est dans les géographies les plus riches. C’est dans ces mêmes communes qu’on trouve les écoles privées.
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◊ 5/ Analyse de l’évitement scolaire :
– la pratique la plus significative est celle des classes supérieures
– seules une minorité de communes captent leur population
– l’évitement enferme les enfants des classes populaires
– la ségrégation scolaire n’est pas que le seul reflet de la ségrégation urbaine.
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◊ 6/ Enquête sur les quartiers mixtes ou intermédiaires :
– les parents cherchent le collège qui soit le reflet de l’idée qu’ils se font de la mixité du quartier.
– les parents refusent la ségrégation à l’école.
– il y a aussi une peur du déclassement par le haut.
– les classes supérieures n’ont jamais joué le jeu.
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◊ 7/ Comment on peut réfléchir sur le devenir de la carte scolaire :
– l’inégale distribution sur le territoire de l’offre scolaire ;
– un état donné de la ségrégation socio-résidentielle ;
– les pratiques sélectives des CSP moyennes et supérieures ;
– deux aspects : * la diversification de l’élite : la rigidité de la carte scolaire aboutit à ne pas refléter la diversité de la population ; * l’égalité des chances ;
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◊ 8/ Les pratiques : orientations dominantes aujourd’hui :
– on est actuellement dans une spécialisation scolaire des établissements ; l’écart s’est creusé avec les Zep parce que les autres établissements ont avancé ;
– sortir les meilleurs élèves des établissements et leur offrir le meilleur ;
– créer des établissements d’excellence, de pointe ;
– le libre choix des établissements.
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◊ 9/ Les autres pistes peu ou pas mobilisées :
– on n’a jamais lutté en même temps sur les raisons d’évitement : offre de qualité, diversifiée et profil des élèves ;
– le découpage des secteurs scolaires ; recomposer les bassins ; faire du transport d’élèves ;
– Patrick Weil : aux Texas, USA, le Top Ten : quelque soit le lycée, les 10 % les meilleurs du lycée ont accès aux filières sélectives de l’enseignement supérieur ;
– impliquer l’enseignement privé conventionné dans une politique de sectorisation.
MAIS
– le redécoupage des secteurs n’est pas viable en distance, est compliqué ;
– la fermeture des établissements évités pose la question du rôle de l’établissement scolaire dans le quartier ;
– risque politique.
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◊ 10/ Les limites de l’assouplissement de la carte scolaire :
– pas de données : tout est opaque dans les sur-demandes et les sou-demandes, dans les dérogations accordées ;
– comment penser la diffusion de l’information sur les dérogations, notamment auprès des populations les plus éloignées de la culture scolaire ;
– il y a une vraie valeur de la proximité chez les classes populaires et moyennes ;
– danger de l’ethnicisation de certains établissements.
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◊ 11/ Conclusion :
– le véritable enjeu est urbain ; quand la ségrégation est inscrite dans l’espace urbain, pourquoi ca serait à l’école d’y remédier ? Respect de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU).
– articulation politique du logement et politique scolaire ;
– à qui profite la ségrégation : capital culturel des CSP favorisées ; les classes moyennes sont piégées.
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Si vous préférez, vous pouvez écouter l’intégralité, en une seule fois :
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